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Les Nouvelles Frontières du Contrôle Interne

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Les Nouvelles Frontières du Contrôle Interne
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Le métier de contrôleur interne est en constante évolution, façonné par les changements réglementaires, les avancées technologiques et les exigences croissantes en matière de gouvernance d’entreprise... C’est d’ailleurs ce qui fait sa richesse. Dans cet environnement dynamique, les responsables de contrôle interne doivent être attentifs aux tendances pour maintenir l’efficacité et la pertinence de leurs fonctions tout en faisant évoluer leur positionnement.

Les synergies avec la gestion des risques ne sont plus à démontrer. Les responsables du contrôle interne sont appelés à analyser les risques et à élaborer des stratégies pour en accroître la maîtrise, tout en proposant des recommandations qui renforcent la performance des processus.

Avec l’émergence de nouvelles réglementations telles que Sapin 2 en France ou le RGPD en Europe, les contrôleurs internes doivent régulièrement mettre à jour leurs connaissances pour assurer la conformité de leur organisation. La complexité croissante des cadres réglementaires exige une veille constante, une capacité à interpréter l’impact des changements législatifs sur les opérations de l’entreprise ainsi qu’une collaboration efficace avec les fonctions compliance lorsqu’elles existent.

L’adoption de technologies avancées telles que les outils GRC, mais aussi l’intelligence artificielle (IA), l’analyse de données et la robotique est en train de transformer le paysage du contrôle interne. Les contrôleurs internes doivent maîtriser ces outils pour pouvoir améliorer significativement l’efficacité de leur dispositif.

Enfin, les entreprises sont désormais tenues de rendre compte de leur impact sur la société et l’environnement, en lien avec l’entrée en vigueur de la CSRD. Dans ce contexte, les contrôleurs internes vont jouer un rôle clé dans la surveillance et la fiabilité du reporting en matière de développement durable et de responsabilité sociale de l’entreprise. C’est en particulier ce dernier point sur lequel nous souhaitions donner un éclairage.

Comme toujours, il est difficile de généraliser un constat tant la diversité observée au sein des organisations peut être importante. Néanmoins, il nous semble intéressant de partager quelques pratiques de marché.

En effet, certains groupes commencent à anticiper l’évolution de leur référentiel de contrôle interne afin de l’étendre au domaine extra-financier. Beaucoup d’organisations ont d’ores et déjà, sur la base de leur analyse de double matérialité, une vision plus claire des indicateurs sur lesquels ils vont devoir reporter demain, dans leur rapport de durabilité. Ces initiatives sont souvent « boostées » par les demandes ou les attentes des organes de gouvernance au regard des responsabilités élargies portées par le comité d’audit. Pour rappel, la CSRD étend le rôle et les responsabilités du comité d’audit au rapport de durabilité, en particulier sur l’intégrité, le suivi et l’audit des données qui le composent. Parmi ces données figurent les indicateurs ou « data points », qui peuvent avoir une forme quantitative ou qualitative. Presque naturellement attiré par les chiffres, le contrôleur interne peut s’intéresser en premier lieu à ces indicateurs quantitatifs afin de comprendre comment l’information est construite, collectée pour être, in fine, communiquée. Un certain nombre de ces data points existent déjà et ont déjà fait l’objet de reporting à travers la Déclaration de Performance Extra-Financière.

La marche à franchir reste pourtant importante pour élargir le champ du contrôle interne à l’extra-financier, étant donné le volume d’informations et d’indicateurs sur lesquels les groupes vont communiquer, la complexité des processus d’élaboration de certains indicateurs et la multiplicité des acteurs impliqués dans cette démarche. C’est une raison de plus pour capitaliser sur l’expérience acquise par le contrôle interne autour de l’information financière et des processus opérationnels pour la déployer sur le champ extra-financier.

C’est pourquoi il nous semble important de ne pas attendre le dernier moment pour engager ces évolutions d’autant plus que l’un des obstacles à surmonter est la conduite du changement auprès des acteurs qui produisent ou qui vont produire cette information extra-financière. En effet, si pour un certain nombre d’entre eux, la production de cette information a été rodée dans le cadre de la DPEF, pour d’autres qui n’ont jamais été impliqués dans ce processus de communication, le contrôleur interne va devoir faire preuve de pédagogie. Son expérience sera précieuse pour insuffler la culture du contrôle interne auprès des contributeurs ainsi que le réflexe de formalisation tout au long du processus de production de cette information.

Si l’éclosion des chantiers CSRD est une réalité dans la majorité des entreprises soumises au rapport de durabilité, leur organisation est loin d’être « standard ». Les travaux peuvent être sous la responsabilité du département RSE, du Juridique, de la Finance ou encore de la conformité. Le dénominateur commun que nous observons dans ces organisations, c’est bien l’implication du contrôle interne qui joue un rôle crucial auprès de ces acteurs de l’information extra-financière. Qui mieux que le contrôleur interne pour leur faire prendre pleinement conscience de leur rôle dans ce dispositif et de l’importance des contrôles mis en place tout au long du processus d’élaboration pour s’assurer que l’information communiquée aux investisseurs soit bien le reflet de la réalité ?

Le terrain de jeu du contrôleur interne s’élargit considérablement et voit de nouvelles frontières se dessiner. Pour rester pertinents et efficaces, les responsables de contrôle interne doivent embrasser ces tendances et évolutions, en se dotant des compétences nécessaires pour naviguer dans un paysage complexe et en mutation. Aujourd’hui, un des défis majeurs auquel font face les entreprises est l’élaboration du rapport de durabilité. En se positionnant en tant qu’acteurs à part entière de ce chantier, les contrôleurs internes peuvent non seulement protéger leur organisation, mais aussi contribuer à sa réussite à long terme. Face à ces défis passionnants, le contrôleur interne n’est pas seul, il peut se faire aider... Et pour cela il pourra toujours compter sur les équipes Business Risk Services and Forensic de Grant Thornton.