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M&A : Sortir du tropisme sectoriel covid-proof ?

Nathalie Margraitte
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M&A : Sortir du tropisme sectoriel covid-proof ?
L’engouement du M&A reprend au-delà de la Santé et la Tech
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Après deux années de concentration des transactions sur les secteurs résilients, faisant flamber les valorisations des actifs de la Santé et de la Tech, la frénésie du M&A s’étend progressivement à des secteurs moins en vue, à condition de viser le haut du panier.

Le millésime M&A 2021 a battu tous les records avec un montant des transactions dépassant les 5 800 milliards de dollars dans le monde, en hausse de 64%, selon Refinitiv. Le marché français a connu pour sa part une croissance de 30% en valeur par rapport à 2020, avec un montant de transactions dépassant les 246 milliards de dollars. Derrière ces statistiques vertigineuses, se loge une forte disparité entre les secteurs qui ont concentré l’afflux des liquidités et la flambée des valorisations, et ceux boudés par les investisseurs et les « deal-makers ».

La Tech et la Santé ont été bien évidemment les stars du M&A de ces derniers mois, exacerbant un tropisme préalable à la crise sanitaire mais que cette dernière a amplifié de manière spectaculaire. Une polarisation que l’on retrouve aussi bien dans les opérations les plus importantes que dans l’univers du lower mid-cap. C’est ce que traduisent les statistiques d’activité du premier semestre 2021 de France Invest publiées cet automne. Si les investissements des acteurs du Private Equity français ont atteint leur plus haut niveau historique avec 10,5 milliards d’euros déployés, ils ont principalement irrigué les secteurs de la Santé qui accapare 21% des montants investis et le numérique qui en capte 17%.

Un retour des secteurs moins inflationnistes

Conséquence de cette polarisation, l’envolée des prix des entreprises du mid-market européen a atteint des sommets stratosphériques au premier semestre de l’année dernière, comme l’illustre l’Argos Index mid-market du 2ème trimestre 2021 avec un multiple moyen à 11,6 fois l’Ebitda.

La Santé et le digital ont à eux seuls concentré la moitié des transactions sur le second trimestre 2021 avec une valorisation médiane de 12,8 fois l’Ebitda, soit deux tours de plus que les cibles des autres secteurs même si ces derniers ont connu également une flambée relative en atteignant un multiple médian de 10,7.

Mais la dernière édition de ce baromètre, qui mesure depuis 2006 l’évolution des prix des PME non cotées de la zone euro valorisées entre 15 et 500 millions d’euros, signerait un début d’inflexion des valorisations avec un indice en baisse au 3ème trimestre 2021 à un multiple de 11 fois l’Ebitda… Ce qui reste un niveau élevé, mais signe le retour en grâce de secteurs moins inflationnistes que la Santé et la Tech, redescendus sous la barre des 40% de l’échantillon, comme avant la crise Covid.

Signe que des secteurs impactés par la crise sanitaire commencent à revenir sur la scène du M&A comme les loisirs, l’hôtellerie et l’industrie aéronautique, mais uniquement sur des actifs « premium » qui auraient passé avec brio le « crash test » de la pandémie.