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Interview de Raphaël Deléarde, Responsable ESG, Zencap Asset Management

Interview: Raphaël Deléarde, Responsable ESG, Zencap Asset Management
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Raphaël Deléarde, Responsable ESG, revient sur la stratégie ESG (Environnement, Social, Gouvernance) de Zencap Asset Management et les nombreux challenges à relever pour réaliser sa mission, avoir un impact positif sur les émetteurs et favoriser leur transformation durable.

Zencap Asset Management est une société de gestion entrepreneuriale spécialisée sur la dette privée, détenue à 52 % par le Groupe OFI dont les principaux actionnaires sont la MACIF et la MATMUT. Depuis 2009, Zencap Asset Management a développé des expertises complémentaires sur cette classe d’actifs, dont la dette infrastructure, la dette immobilière et la dette d’entreprise. L’équipe de gestion profite des synergies sur ces différents segments pour proposer, aux investisseurs éligibles recherchant du rendement, des solutions offrant un profil de risque équilibré et un accès privilégié au financement de l’économie en Europe.

Au 30 juin 2021, Zencap Asset Management totalisait plus de 2,4 Mds€ d’encours engagés en gestion et mandat de conseil. Elle a réalisé plus de 190 opérations de financement de l’économie européenne, dont plus de 45 sur des instruments de dette non senior et non dilutifs (mezzanine, junior, subordonnée, OBSA, OC...).

Pourriez-vous revenir en quelques mots sur les grandes étapes de votre parcours et les motivations qui vous ont guidé pour rejoindre une société de gestion d'actifs ?

Après des études à l’ESSCA avec une spécialisation en finance et un stage de fin d’études dans un cabinet d’audit, j’ai poursuivi mon cursus à la Sorbonne avec un master en développement durable. C’est un échange Erasmus en Suède qui m’a donné l’envie de poursuivre dans cette voie.

J’ai découvert sur le terrain l’ISR (Investissement Socialement Responsable) par un stage chez Amundi dans l'équipe dédiée à l'analyse ESG avant de rejoindre EthiFinance, société de conseil et de notation ESG, en qualité de consultant et d’analyste ESG pour réaliser des notations ESG de small et mid caps européennes. Après quatre années, j'ai rejoint le département Stratégie d’un Big qui comprenait une quarantaine de consultants en développement durable. J’ai alors réalisé des audits RSE dans le cadre de la réglementation sur le reporting ESG des grandes entreprises et des missions de conseil pour des fonds de Private Equity pour les aider à définir et structurer leur approche ESG et réaliser des due diligences ESG.

Ces différentes expériences m’ont donné envie de rejoindre le Groupe OFI en tant qu'analyste senior dans l'équipe ISR. J'ai rapidement eu pour mission d'accompagner Zencap Asset Management pour structurer sa politique d'investissement responsable. Le fonctionnement de la dette privée et son approche sur l’ESG ont en fait des similitudes avec le Private Equity, mais avec des leviers différents.

Comment a évolué votre fonction et quelles sont aujourd’hui vos principales missions ?

Ma première mission a été de structurer et de formaliser l'approche ESG de Zencap Asset Management. Il s’agissait d'infuser et de diffuser une culture d'investissement responsable au sein de l’ensemble des équipes.

Ma fonction inclut désormais plusieurs composantes : définition des politiques et des procédures, réalisation des analyses et due diligences dans le cadre des opérations de financement, communication et relations avec les émetteurs (les sociétés financées) et les clients (les investisseurs) sur les sujets ESG, réalisation du reporting réglementaire et du reporting RSE annuel. De nouveaux sujets se sont ajoutés comme ceux des SLB et SLL (« Substainability-Linked Bonds[1] » et « Sustainability-Linked Loans[2] ») où nous avons développé un fort niveau d’expertise et pour lesquels la documentation contractuelle intègre des dimensions ESG.

La due diligence ESG nous permet de contribuer activement avec l’émetteur à la réflexion permettant de fixer les objectifs ESG, ambitieux mais atteignables. L’émetteur visera à les atteindre sur la durée du financement. Mais je ne travaille pas seul, je fais partie du département Risk Management (RM), qui s’appelle désormais « RM-ESG », reflétant son approche holistique des risques. La participation des équipes de gestion est également clé ; aujourd’hui, sur les sujets ESG, tout le monde met « la main à la pâte ».

 

[1] Un Sustainability-Linked Bond est un emprunt obligataire dont les caractéristiques, notamment financières, peuvent varier selon que l'émetteur atteint ou non des objectifs préalablement définis en matière environnementale, sociale et / ou de gouvernance.

[2] Les Sustainability-Linked Loans (ou ESG-Linked Loans) incitent les entreprises à améliorer leur performance ESG en liant directement les conditions financières de l’emprunt à des objectifs de durabilité prédéterminés.

Pourriez-vous nous présenter vos contributions à chaque étape du processus et cycle d'investissement ?

Dès l’origination, nous vérifions que l’activité de la société est compatible avec notre politique d'exclusion, nos objectifs et nos critères ESG. Dans la phase de due diligence, un questionnaire ESG, adapté au macro-secteur et à la taille de l'entreprise, nous permet d’approfondir notre analyse et de guider nos échanges avec les dirigeants. Je suis impliqué dans l’ensemble des étapes-clés du processus d’investissement et participe aux deux comités : comité crédit et comité d'investissement. Lors du comité crédit, le dossier fait l’objet d’une revue et d’une validation avec conditions « suspensives ». Pour être validé définitivement par le comité d'investissement, les points en suspens et les documents complémentaires doivent être collectés. Au même titre que les équipes de gestion, l’équipe « RM-ESG » émet des recommandations pour l’obtention d'informations et de diligences complémentaires ainsi que la prise d’engagements par la société à financer.

Je suis également impliqué, avec les équipes de gestion, dans la structuration ESG et la rédaction de la documentation contractuelle qui inclut désormais l’obligation pour les sociétés de fournir un reporting RSE annuel et, si nécessaire, d’atteindre certains objectifs (la formalisation d’un code éthique ou l’obtention d’un label de performance énergétique pour un actif immobilier). Le niveau d’exigences peut être plus fort dans le cas de SLB ou de SLL : on peut en effet faire varier le taux d'intérêt en fonction de l'atteinte d'objectifs annuels et d’indicateurs cibles. Pour cela, on définit des objectifs précis avec des indicateurs sur lesquels l'entreprise devra fournir un reporting spécifique. En fonction de l'atteinte des cibles, l’entreprise financée pourra ou non bénéficier d'une baisse de son taux d’intérêt. Il peut s’agir d’engagements sur la diminution des gaz à effet de serre, une réduction du taux de départ des salariés ou de tout autre indicateur que l’on estime clé pour son activité et qui concrétise un engagement en matière de RSE.

Enfin, je suis impliqué dans la phase de suivi de l'émetteur qui peut inclure des modifications de contrat et a minima un échange annuel avec les dirigeants de chacune des sociétés pour faire un point et suivre leurs engagements RSE.

Pouvez-vous aider les entreprises à atteindre leurs objectifs RSE et avoir un véritable impact sur leur transformation comme un fonds de Private Equity ?

A première vue, on pourrait penser qu'en dette privée, on ne bénéficie pas des mêmes leviers que dans le Private Equity où l’investisseur est effectivement actionnaire de la société et peut participer aux instances de direction. Certes, nous n’avons pas la même force d'injonction qu’un investisseur en capital, mais nous serons davantage dans la sensibilisation et la recommandation vis-à-vis de nos émetteurs.

Pour autant, nous avons parfois une place de censeur au conseil d'administration, ce qui nous permet de suivre réellement la stratégie de l'entreprise. Notre due diligence ESG constitue une forme d’audit ESG pour les entreprises et nous veillons à apporter autant de feedback que possible, comme le ferait un consultant externe. Nous disposons également des leviers contractuels avec les engagements inclus dans la documentation contractuelle de nos SLB et SLL. La fixation d’objectifs ESG assortis d’incitations financières est le fruit d’une démarche collaborative avec l’entreprise, qui lui permet d’établir une trajectoire d’amélioration ambitieuse et adaptée à son modèle.

Par ailleurs, nous sommes à la disposition de l'entreprise pour l'accompagner dans sa transformation RSE tout au long de la vie du financement et pour se mettre en conformité avec les réglementations (Sapin II[1]). Ainsi, nous sommes une véritable force de proposition pour l’aider à mettre en place les diligences nécessaires pour lutter contre la corruption, rédiger un code éthique, mettre en place un système d'alerte éthique, définir le scope d’un bilan carbone… ou encore la mettre en relation avec des prestataires externes qui pourront contribuer à sa transformation RSE. Toute forme d’assistance est possible à partir du moment où l’entreprise est volontaire. Un tel accompagnement opérationnel fait partie de notre rôle et de notre valeur ajoutée en tant qu'investisseur responsable.

 

[1] La loi n° 2016-1691, dite Sapin II, datant du 9 décembre 2016, est relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation économique. La loi Sapin II s’applique aux entreprises françaises de plus de 500 salariés et réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 100 millions d’euros. Elle concerne aussi toutes les sociétés appartenant à un groupe dont la maison-mère a son siège social en France et remplissant les critères susmentionnés. Par capillarité, appliquée à l’ensemble des sous-traitants et prestataires externes des « grandes » entreprises, la loi Sapin II impacte une majeure partie des entreprises françaises quelle que soit leur taille.

Quelles sont les principales difficultés pour recueillir une donnée fiable et de qualité reflétant la situation réelle des engagements RSE de vos émetteurs ?

La première difficulté, qui concerne surtout les PME et les ETI, est la disponibilité des données. Nous ne disposons pas toujours de l'information demandée : bilan carbone, impacts en matière de biodiversité - qui est encore le parent pauvre des données disponibles. Il en va de même pour la taxonomie : il est encore difficile de déterminer exactement la part verte de nos portefeuilles sachant que les émetteurs eux-mêmes n'ont pas encore cette obligation-là. Il y a un décalage entre les exigences réglementaires qui sont perçues comme complexes dans leur mise en œuvre et nos interlocuteurs qui n'ont souvent pas encore la compétence pour évaluer cette part verte ou n'ont pas encore pris le temps de l'évaluer.

La deuxième difficulté est la qualité et la comparabilité des données. Un bilan carbone va dépendre du périmètre sur lequel il est effectivement appliqué. Par conséquent, deux bilans carbones, sur un même secteur d'activité, pourraient être totalement incomparables si les périmètres ne sont pas identiques. Il en est de même pour calculer un taux de départ et des taux d'absentéisme sur les données sociales : le taux de départ ne prend-il en compte que les CDI sur un périmètre France ? Le taux d'absentéisme exclut-il les absences pour longue maladie ?

Enfin, la troisième difficulté, liée aux deux premières, est le benchmark, c'est-à-dire le manque de comparatifs pour nous permettre d’évaluer les pratiques de l'entreprise. Comment évaluer un bilan carbone de X tonnes de CO2 émises par une société X dans le secteur d’activité X ?

Comment répondre à ces difficultés liées à la donnée pour permettre un suivi et une mesure des performances ESG ?

En la matière, le temps fera son œuvre : il y a en effet un long travail de sensibilisation et d'acculturation des sociétés sur ces sujets-là qui est déjà engagé. Il faut que les sociétés gagnent en maturité. La pression réglementaire représente un fort levier d’amélioration de la qualité de la donnée. Ainsi, la taxonomie verte va obliger les sociétés à se saisir de ces sujets et à apporter des réponses. La création de standards de place devrait également permettre que la donnée soit travaillée de la même façon par l'ensemble des acteurs. A titre illustratif, nous pouvons citer le questionnaire standard proposé par France Invest à tous ses adhérents pour favoriser une convergence vers des indicateurs communs, avec un langage commun et des définitions communes.

Les nouvelles réglementations européennes (SFDR[1], Taxonomie verte[2]) vont permettre d’imposer des standards de communication et un socle d'informations a minima qui sera à disposition des investisseurs (la part verte pour la taxonomie, la nomenclature articles 6, 8 et 9 de SFDR). Dans ce contexte, la labélisation des fonds est parfois moins demandée par les investisseurs finaux.

Contrairement à l’univers coté, les investisseurs sont peu demandeurs d’un label pour le non coté. Il n’y a pas de label qui soit très adapté à cette classe d’actifs : le label ISR français ne l’est pas adapté, le label Greenfin[3], dédié à la transition énergétique, en revanche, peut l'être, ou également le label ESG LuxFlag[4], mais il est moins connu en France. Au global, la labellisation dans le non coté n’apparaît pas comme un impératif étant donnée l’absence d’un label ESG adapté qui apporterait une vraie qualité supplémentaire par rapport à la réglementation applicable.

 

[1] Le 10 mars 2021, le règlement Disclosure, ou SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) est entré en vigueur. Il s’agit d’un règlement européen qui a pour ambition d’encadrer à plusieurs niveaux l’intégration des enjeux ESG (Environnementaux Sociaux et de Gouvernance) par les acteurs des marchés financiers.

[2] La taxonomie européenne désigne la classification des activités économiques ayant un impact favorable sur l'environnement. Son objectif est d'orienter les investissements vers les activités « vertes ». Instaurée en 2020, elle fait l'objet d'un acté délégué présenté le 2 février 2022 qui intègre le gaz et le nucléaire.

[3] Premier label d’État dédié à la finance verte, le label Greenfin (anciennement label « Transition énergétique et écologique pour le climat ») a été lancé fin 2015 au moment de la COP 21. Le label Greenfin garantit la qualité verte des fonds d’investissement et s’adresse aux acteurs financiers qui agissent au service du bien commun grâce à des pratiques transparentes et durables. Le label a la particularité d’exclure les fonds qui investissent dans des entreprises opérant dans le secteur nucléaire et les énergies fossiles.

[4] Le label LuxFLAG permet aux gestionnaires d’actifs de mettre en évidence les références Sustainability / ESG / Impact de leurs produits d’investissement. Les investisseurs utilisent le label LuxFLAG pour identifier les produits d’investissement durable, car il leur offre la possibilité de différencier le « bon grain de l’ivraie » et une validation externe indépendante et internationalement reconnue sur le respect des meilleures pratiques du marché.

Comment conciliez-vous performance financière et performance ESG ?

Nous avons la conviction qu’une société qui gère bien les aspects ESG est une société qui sera plus pérenne. Derrière les enjeux ESG, il y a de nombreux risques liés : opérationnels, réputationnels, réglementaires, ou encore des possibles pertes d’opportunités de marché. Les deux sujets doivent être intégrés pour évaluer le risque d’une société, sa pérennité et la pertinence de sa stratégie.

Nous sommes convaincus qu’une société qui est performante sur le plan ESG a plus de chances d’être performante sur le plan financier. Les études réalisées sur des benchmarks plus larges convergent pour une majorité d’entre elles et vont dans ce sens. Sur les sujets carbone et biodiversité, la question ne se pose même plus puisque le respect de la biodiversité ou l’attention portée à la transition énergétique sont devenus des prérequis. Les investissements doivent être fléchés vers les sociétés qui apportent des réponses à la transition énergétique et qui détériorent le moins possible la biodiversité (principe du « Pas de nuisance significative » ou DNSH – Do Not Significantly Harm[1]).

Il y a encore dix ans, on cherchait absolument à prouver que l’ESG apportait de la performance financière. Cette question est dépassée : un monde à +4 degrés en 2050, c’est une économie qui est à terre ! C’est maintenant une question non seulement de survie de l’espèce humaine, mais une question de survie économique. La question n’est plus de savoir si la performance ESG apporte de la performance financière !

 

[1] L’application du principe DNSH, tel que défini dans le Règlement taxonomie (2020/852), demande qu'aucun préjudice important ne soit causé à 6 objectifs environnementaux. Ces six objectifs sont (article 9) : l’atténuation du changement climatique, l’adaptation au changement climatique, l’utilisation durable et la protection des ressources aquatiques et marines, la transition vers une économie circulaire, la prévention et la réduction de la pollution, la protection et la restauration de la biodiversité et des écosystèmes. Ces six objectifs sont détaillés à l’article 17 du Règlement. Les articles 10 à 15 expliquent comment une activité peut contribuer de manière substantielle à la réalisation de ces objectifs. Les activités habilitantes (enabling activities) peuvent également être considérées comme contribuant à la réalisation des objectifs (article 16). Ces activités habilitantes créent le cadre qui permet à d’autres activités d’apporter une contribution substantielle à un des objectifs.

L’actualité récente a montré les limites des analyses ESG. Quel regard portez-vous sur ces faits et comment améliorer le niveau d’analyse ?

En effet, l’information publique ne suffit pas et les sociétés communiquent sur base « déclarative ». Les sujets des controverses actuelles remettent en question le bien fondé des analyse ESG même si tout le monde a bien conscience de leurs limites.

Quand vous achetez une base de données de 4 000 valeurs à 50 000 euros, vous vous doutez bien qu’il n’y a pas de due diligences approfondies pour chacune de ces 4 000 valeurs. Ces bases de données ESG se fondent avant tout sur l’information publique mais ça ne suffit pas. C’est aux investisseurs, de mettre les moyens nécessaires pour pouvoir recouper des informations afin de confirmer celles rendues par ces analyses ESG en rencontrant des dirigeants, et pas seulement des dirigeants d’ailleurs, et en interrogeant les parties prenantes de ces sociétés-là.

Quand vous êtes un actionnaire significatif dans une société, cela veut dire que vous ne pouvez pas vous contenter de vous baser uniquement sur l’information publique et sur une analyse ESG fondée elle-même sur cette information publique, mais vous avez la responsabilité d’aller plus loin et de recouper les données.

Comment voyez-vous le futur de la finance durable et quels seraient les freins à son développement ?

La France a été un des pays les plus avancés au monde en la matière. Même s’il y a encore une forte marge de progression, il faut quand même souligner le chemin parcouru par la place de Paris depuis de nombreuses années, et notamment le travail des associations professionnelles. 

Je pense qu’il y a toujours une croyance des particuliers qu’il y a une perte de rentabilité quand on parle de finance responsable même si c’est de moins en moins le cas et que ce frein est quasiment levé. Il y a en fait un manque de connaissance du grand public, des intermédiaires et des distributeurs autour de ce type d’investissements. Il y a encore un manque de formation chez les conseillers bancaires. Cela représente selon moi un frein important.

L’autre frein majeur est le manque de disponibilité, de comparabilité, de standardisation et de qualité de l’information ESG, avec des différences notables à l'échelle du marché français entre petites et grandes sociétés et à l’échelle mondiale, entre les standards européens et les standards américains. On observe une lutte d’influence UE / US qui est actuellement en train d’être menée. Le manque de méthodologies communes pour les calculs d’impact est aussi préjudiciable, sur l’impact climatique ou sur la biodiversité, par exemple, même si des initiatives communes existent (avec la NEC - Net Environmental Contribution[1] - notamment). Il est néanmoins difficile d’aboutir à une standardisation parfaite tant les sujets sont vastes et demandent une certaine adaptation, à la fois aux secteurs d'activité, aux tailles d’entreprise et aux enjeux de chaque acteur économique. La standardisation reste un enjeu pour pouvoir restituer l’information et la comparer. La réglementation et les efforts des acteurs de place vont dans ce sens.

 

[1] L’indicateur « Net Environmental Contribution » a été développé par plusieurs partenaires : Sycomore AM, I Care & Consult, Quantis et BNP Paribas Securities Services. L’objectif principal de cet indicateur est de mesurer l’impact environnemental d’une entreprise grâce à l’utilisation de son Business Plan, tout en intégrant l’analyse du cycle de vie de ses produits.

Quels souhaits formulez-vous pour l'avenir de Zencap Asset Management en matière de finance durable ?

Tout d’abord, continuer notre développement sur les sujets ESG et poursuivre notre montée en expérience sur nos instruments de financement (SLB et SLL) : nous souhaitons être reconnus comme un acteur responsable appliquant les meilleures pratiques, ce qui représentera une forme de récompense pour l’ensemble des efforts fournis depuis plusieurs années par toute l’équipe.

Ensuite, continuer à bénéficier de la confiance de nos investisseurs sur les sujets ESG : le monde mutualiste a dans son ADN un intérêt particulier pour les questions sociales et environnementales. Il est donc important pour nous que nos investisseurs continuent à nous faire confiance sur ces sujets.

S’agissant des émetteurs, je souhaite que notre accompagnement contribue à leur faire adopter les meilleures pratiques en matière de durabilité et les installe sur une trajectoire encore plus ambitieuse, avec la conviction que cela leur sera profitable.

Plus globalement, je souhaite que les meilleures pratiques soient généralisées au sein de la place pour favoriser un nivellement par le haut et faire monter notre degré d’exigence dans ce domaine. Il est crucial que les acteurs les plus exigeants en matière de finance durable ne perdent pas en compétitivité dans un environnement extrêmement concurrentiel.