La lettre des décideurs n°27

Les directions Achats : digitalisation et collaboration au programme

Christine Larsen
By:
Les directions Achats
Contents

Le métier d’Acheteur s’est imposé au fil du temps dans tous les secteurs d’activité.

La digitalisation, la multiplication et l’accès à des données toujours plus nombreuses, transforme tous nos business models, nos modes de consommations et de fonctionnement, et induit de profondes transformations y compris dans la fonction Achats.

Par le passé et du point de vue des fournisseurs, l’Acheteur a souvent endossé le mauvais rôle, dont la principale préoccupation aurait été de « mettre la pression » et d’obtenir les prix le plus bas possible, quitte parfois à compromettre la qualité et la pérennité des relations de travail à venir. Un comportement encore gravé dans quelques esprits.

Avec les vagues de transformations (notamment digitale), la profession a su revoir son mindset pour activement participer à la rentabilité et la pérennité de l’entreprise.

En adoptant une posture de partenaire créateur de valeur sur le long terme, la fonction Achats a évolué d’une posture de négociateur (en charge de réduire les coûts au maximum) à un rôle de conseiller et de partenaire des autres fonctions de l’entreprise, capable d’analyser les chiffres, d’évaluer les risques, de manager les relations et la performance des fournisseurs, tout en innovant dans ses pratiques au fil des mutations digitales.

Une fiche de poste aux compétences variées, avec des responsabilités étendues pour un exercice de style qui requiert intelligence émotionnelle et agilité.

Du négociateur au partenaire

Les temps ont donc changé. On évalue aujourd’hui les projets en coûts complets d’acquisition, sur tout le cycle de vie d’un produit ou d’une prestation. Le fournisseur, quant à lui, est devenu un véritable partenaire de long terme dans une économie qui se veut durable et une société qui se veut bienveillante. La performance « achats » est devenue une « performance plurielle » et s’évalue sur différents axes.

Si la contribution économique à la rentabilité de l’entreprise reste le premier objectif de la fonction Achats, la qualité de la collaboration et la rapidité du service rendu aux autres directions, le management de la relation fournisseurs tant en termes de performances que de gestion des risques, l’intégration de la RSE et la contribution à la création des nouvelles offres de service de l’entreprise par l’identification de solutions innovantes, prennent de plus en plus d'importance.
C’est notamment sur ce dernier axe que les attentes et les besoins augmentent beaucoup.

Ce qui, il y a quelques années, était à la marge, devient de plus en plus une nécessité : on demande et attend ainsi de l’acheteur de benchmarker, d’anticiper, de faire de la veille, de devenir créatif, de trouver de nouveaux leviers de compétitivité, d’imaginer les solutions de demain et d’accompagner les directions métiers dans la construction de leurs nouvelles offres.


Un exemple : le CEO d’une entreprise industrielle a demandé à ses acheteurs d’étudier les coûts de transport des personnels. Se reposant sur une approche classique, la plupart des acheteurs ont concentré leurs efforts sur un comparatif des coûts par constructeur de la flotte de véhicules mis à disposition. Un autre acheteur, lui, a innové et proposé, sur la base des nouveaux modes de déplacements, des solutions de mobilités alternatives et collectives quand cela était possible.

La fonction Achats à l’heure de la digitalisation et du data analytics

Et le reste ? Quid des tâches administratives et transactionnelles les plus répétitives, qui restent indispensables ? Elles sont progressivement automatisées et digitalisées. Les entreprises les plus matures l’ont initié depuis longtemps. De l’identification du fournisseur jusqu’à son paiement en passant par les phases de sélection, de finalisation du contrat, de création des bons de commandes, l’ensemble de la chaîne s’automatise. Certes, il est des opérations, très complexes, notamment sur l’amont du processus, qui requièrent beaucoup d’analyses et d’arbitrages, et peuvent encore difficilement être simplifiées et automatisées, mais il ne s’agit là que d’une partie des tâches des acheteurs.

Quels impacts ont donc ces changements sur le profil de l’acheteur de demain ? L’acheteur

« nouvelle génération » sera un chef d’orchestre qui accordera autant d’importance à la valeur d’une prestation ou d’un produit, qu’à l’intégralité de l’écosystème achats (et notamment les fournisseurs) pour sécuriser la création de valeur de façon pérenne et éviter les pertes de valeur. Bon communicant, référent empathique, dont l’idéal n’est pas seulement l’économie de court terme mais bien la création d’un écosystème satisfaisant fondé sur l’intelligence collective, il sera capable également d’analyser les données financières et d’échanger avec les différentes directions. La data sera sa matière première et le design thinking, son modus operandi.

En matière de management des achats, les entreprises qui réussissent seront celles qui délivreront les meilleures performances constituées d’un équilibre optimal entre rentabilité financière, gestion des risques, création de valeur ajoutée, qualité de la collaboration avec les métiers et capacité à installer des relations saines et durables avec l’ensemble des fournisseurs. Avec de telles exigences, on le voit, l’acheteur est bien plus qu’un simple négociateur. Il est ce chef d’orchestre, qui maîtrise le data analytics, est doué pour les échanges et sait sécuriser les relations en interne comme en externe, en s’appuyant sur l’innovation. Un métier d’avenir.