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Approvisionnement et sécurité : les enjeux d’un secteur essentiel

Clothide Marchetti
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Approvisionnement et sécurité : les enjeux d’un secteur essentiel
Retour d’expérience de la crise pour le secteur de l’agroalimentaire
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Mars 2020 : début du premier confinement.

Cette mesure exceptionnelle a marqué l’entrée des populations dans une crise sanitaire sans précédent. Une crise dont certaines images ont immédiatement renvoyé l’imaginaire collectif à d’autres crises, parfois d’autres natures. Files d’attente interminables devant les supermarchés, linéaires de produits vides, altercations entre clients : la crainte de la pénurie alimentaire a saisi les consommateurs. Dans ce contexte, la filière agroalimentaire a plus que jamais mérité son appellation de secteur « essentiel ».

Elle semble avoir relativement été épargnée ces deux dernières années. Dans la mesure où elle répond à un besoin primaire, les consommateurs ont été enclins à privilégier ce type de dépenses à d’autres achats, jugés non vitaux ou reportables dans le temps. Elle a également bénéficié d’un recentrage politique et social sur le « Made In France » qui a valorisé les productions locales et les circuits de distribution courts.

Ainsi, à première vue, le secteur agroalimentaire a démontré une certaine résilience notamment en France. Ses volumes n’ont diminué que de 3% en 2020 soit trois à quatre fois moins que d’autres industries. 

Ces chiffres masquent toutefois une réalité plus contrastée. Le confinement a provoqué une hausse des prix des matières premières, des transports, de la maintenance ou de l’équipement de protection des salariés. Si bien que les coûts de production se sont envolés en moyenne de 9% depuis le début de la crise selon l’Association Nationale des Industries Alimentaires (ANIA).

Il ne faut pas non plus oublier que certains segments se sont montrés plus fragiles que d’autres : les pertes les plus importantes ont été observées pour les productions périssables comme les fruits, les légumes et le lait, du fait des difficultés rencontrées par la supply chain.

Le secteur a depuis reconnu son manque de préparation face à une crise d’une telle ampleur et les enjeux prioritaires sont donc de deux ordres pour les entreprises :

  • le premier enjeu consiste à maintenir la sécurité à tous niveaux avec, d’une part, la sécurité des personnes travaillant dans la filière. Cette priorité suppose, au-delà de la mise en place des mesures de distanciation sociale, la révision des outils industriels afin de mieux accompagner la transformation digitale. Elle induit aussi l’engagement de cet écosystème dans une approche plus orientée vers la transition écologique, ce qui représente aussi une garantie pour la santé des personnes qu’il emploie.

D’autre part, la sécurité alimentaire des consommateurs s’avère une priorité tout aussi prégnante, et se traduit notamment par le développement de systèmes de gestion performants permettant traçabilité et attestation de la mise en œuvre des meilleures pratiques de fabrication et d’hygiène alimentaire.

  • le second enjeu est d’établir une chaine d’approvisionnement plus résiliente.

Favoriser simultanément la proximité avec ses clients (en diversifiant les profils de consommateurs) et ses fournisseurs (en les démultipliant sur une même zone géographique) est la clé de succès pour éviter les perturbations de la supply chain et garantir son intégrité de bout en bout.

Ces deux enjeux peuvent être adressés par une approche par les risques, afin de traiter les zones de vulnérabilité et d’en assurer le suivi. L’objectif, à travers la meilleure prise en compte des risques, est de pouvoir mieux accompagner les changements inhérents à des crises majeures sans avoir à subir des conséquences parfois désastreuses pour l’équilibre des entreprises du secteur.